Objet musical non-identifié né d’un lointain big bang électro, le duo d’alchimistes et d’expérimentateurs d’Atoem se livrent depuis plusieurs mois à la création méthodique d’une techno impeccable, aux variantes froides et aux particules sonores élémentaires. Au cœur du cosmos rennais, Gabriel Renault et Antoine Talon, artistes machinistes à symétrie invariable, se font les aèdes modernes et mystiques de la scène électronique, livrant avec une retenue méthodique un recueil de symphonies spatiales à nous faire danser jusqu’aux tréfonds des artères.
Si 42 est à la réponse à la Grande question sur la vie, l’univers et le reste, ATOEM est une savante piste à suivre pour percer les mystères de la musique.
Scientifiques du beat maniant l’art des ondes, passionnés de mathématiques et de physique quantique, les deux artistes ont poussé très loin leurs questionnements ontologiques, jusqu’à fabriquer leur propre synthétiseur modulaire, pyramidion de leur installation scénique. Ces Atoem expérimentent, avec témérité et audace, ondulant tels des pionniers sur un territoire singulier, promesse d’un ailleurs sans réponse et de voyages à travers les grandes questions de l’origine du son. Organisme hybride ayant génétiquement assimilé new-wave, ambiant, rock et techno, les Pink Floyd et Brian Eno, Atoem construit ses tracks selon son propre algorithme, équation synthétique de séquences et schémas musicaux, de ritournelles planantes et entêtantes. À l’image d’ATOEM, divinité de l’Égypte antique ayant façonné la matière à laquelle ils se réfèrent, ces deux sculpteurs-techno ont réussi à modeler scrupuleusement leur propre univers musical sur un principe de non-séparabilité.
En live, le duo de photons assène sa maîtrise totale de l’aléatoire, leurs machines comme extensions de leur corps, et nous emporte à la frontière, si l’en est une, de l’espace et de l’Orient. Un interstice musical qu’ils ont eux-mêmes crée, brèche béante dans laquelle s’engouffrent une somme de références. Au cœur d’un laboratoire de guitares, de synthés analogiques et de modulaires, la machine humaine ATOEM prend vie dans les dédales de ses performances organiques et épileptiques. Soyez donc préparés à vous faire distordre la phase, quelle que soit la scène où vous verrez atterrir leur étrange station orbitale.
Révélations des Transmusicales en 2018, ces jeunes démiurges du son ont déjà posé leurs machines sur les scènes des Vieilles Charrues, des Inouïs du Printemps de Bourges et du MaMa Festival. Ils s’apprêtent désormais à sortir leur EP Enter The World’s Symmetry à l’automne 2019. Nouvelle aventure cosmique en perspective, avec exploration musicale comme point de fuite.
Photo : Alexis Janicot